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Carnet d'Aubigny-sur-Nère
4 juin 2006

Béraud Stuart, troisième seigneur d'Aubigny (1482-1508)

portrait_de_b_raudJean II Stuart laissa à sa mort trois enfants[1]. Robert dit Béraud Stuart (ca. 1447-06.1508) qui hérita de la seigneurie d'Aubigny dont il rendit hommage en 1483 ; Guillaume, sire d'Auzon et capitaine des 100 lances écossaises (ca. 1500) ; et, une fille qui épousa un écossais, Codbert Carr, qui fit aussi carrière en France.

Un des familiers de Louis XI, Béraud Stuart reçut du roi des commandements de confiance : capitaine du bois de Vincennes, puis une compagnie d'ordonnance et la capitainerie de la place de Melun (1485), capitaine de Harfleur et de Montivilliers.  Lors de la bataille de Bosworth (22 août 1485), il commanda le contingent français.

Vers 1487, après le décès de Guillemette de Boucard, issue d'une famille noble établie à Blancafort,  il épousa en seconde noce Anne de Maumont, comtesse de Beaumont-le-Roger, fille de Guy de Maumont, seigneur de Saint Quentin et de Jeanne d'Alençon, comtesse de Beaumont-le-Roger. Ce mariage lui permit d'acquérir le comté de Beaumont-le-Roger et de s'allier avec la maison de Valois, même si les descendants de Charles de Valois, petit-fils de Saint Louis, frère du roi Philippe Le Bel, comte de Valois, du Maine, d'Anjou, d'Alençon, de Chartres, du Perche, pair de France, ex-empereur titulaire de Constantinople, comte de Romagne, père du roi Philippe VI le Hardi, n'avaient plus les faveurs de la Cour. Jeanne d'Alençon, mère d'Anne de Maumont, est la Bâtarde d'Alençon, fille illégitime du duc Jean II d'Alençon[1].

Il fut nommé capitaine de la garde écossaise. Grâce à un acte daté du 26 août 1488 (Bibliothèque Nationale, collection Clairambault) sur lequel est appendu le sceau de Béraud Stuart, on connaît ses armes : "écartelé, aux 1 et 4 d'azur à trois lys d'or (France), aux 2 et 3 d'or à la fasce échiquetée d'azur et d'argent de trois tires, au bâton de gueules brochant (Stuart de Darnley)". Il fut nommé gouverneur puis bailli de Berry (1487-1498), gouverneur de Sancerre, capitaine de Mehun. Homme de confiance de Charles VIII, il fut chargé de la mission secrète de réconciliation (21.06.1491) entre le roi Charles VIII et Louis d'Orléans[2], le futur Louis XII. Conseiller et chambellan ordinaire du roi Charles VIII, il joua un rôle important dans la préparation diplomatique et militaire du "voyage d'Italie" dont il fut accrédité auprès du duc de Milan (dès janvier 1491). En décembre 1493, il fut nommé capitaine des Gardes du Corps du Roi.

entr_e_de_charles_viii___naplesEn mars 1494, Charles VIII prit le titre de Roi de Naples et de Jérusalem, suivant les droits accordés à Louis XI et à ses descendants par Charles du Maine[3], duc de Lorraine et de Provence en 1451. Béraud fut envoyé en Italie au printemps 1494 pour négocier avec Ludovic Sforza, les ducs de Ferrare et de Mantoue, le droit de passage de l'expédition française. A son retour, le roi lui confia le commandement de l'avant-garde. Après la prise de Naples, le royaume fut réorganisé et placé sous le gouvernement du vice-roi de Naples, le duc de Montpensier. Aubigny fut nommé grand connétable et lieutenant général pour la Calabre[4]. En récompense de ses actes, il reçut le comté d'Acri et le marquisat de Squilazzo. Très vite, des émeutes éclatèrent sous la pulsion des princes de la maison d'Aragon-Naples, aidés des Vénitiens et des Espagnols. Les places tombèrent les unes après les autres. D'abord vainqueur de Seminara (juin 1495), Béraud dut abandonner le péninsule lorsque le vice-roi Gilbert de Montpensier capitula en juillet 1496.

De retour à la Cour de France, il retrouva son poste de conseiller auprès du roi Charles VIII. A la mort de Charles VIII, son cousin Louis XII le succéda au trône de France[5]. Béraud Stuart conserva les faveurs du nouveau souverain qui le nomma capitaine des archers écossais (08 juin 1498), chambellan du Roi (1498). Rappelons qu'il fut chargé en 1491 de la mission secrète de réconciliation entre feu le roi Charles VIII et l'actuel roi Louis XII, malgré l'opposition des régents.

Louis XII, héritier des Visconti par sa grand-mère[6], revendiqua alors ses droits sur le duché de Milan, usurpé par Ludovic le More. Au printemps 1499, Louis XII rassembla une armée composée entre autre de six compagnies de Cent lances dont il confia deux compagnies aux frères Stuart, Béraud et Guillaume[7] Stuart, seigneur d'Auzon. De plus, Béraud fut nommé lieutenant général de l'armée et élevé chevalier de l'ordre de Saint-Michel (1499). Malade, il ne put exercer son commandement et céda sa place à Charles de Chaumont.

Après la conquête du Milanais, Louis XII, envisagea de reconquérir le royaume de Naples. Tirant de l'expérience de l'échec de la première expédition et sachant que le roi d'Aragon convoitait aussi ces possessions, il négocia avec Ferdinand d'Aragon. Un partage de ce royaume fut conclu le 11 novembre 1500 : au roi de France, Naples et la riche Campanie; au roi d'Aragon, les Pouilles et la Calabre. Le roi de France confia à Béraud Stuart le commandement de l'armée, tant convoité par le comte de Ligny. Béraud prit, au printemps 1501, la tête des trois cents cavaliers destinée à occuper la partie française du royaume de Naples. En dehors du siège de Capoue, l'avancée de l'armée française se fit sans heurts. Le 04 août, Béraud rentra triomphalement dans Naples. Le roi déchu, Ferdinand III, fut envoyé en France où il fut bien accueilli par Louis XII qui lui offrit le duché du Maine, des seigneuries en Anjou et en Normandie. Béraud reçut le gouvernement des villes de Campanies tandis que Gonzalves de Cordoue celui du Calabre. Béraud pensait obtenir la vice-royauté de Naples jusqu'à l'arrivée de Louis d'Armagnac, duc de Nemours. Dépité, il se retira pendant six semaines dans son comté de Venafro. Le partage du royaume de Naples entre les français et les espagnols tournèrent rapidement en conflit. Le comte de Ligny fit occuper par sa compagnie quelques villes des Pouilles qui lui appartenaient du chef de sa femme. Gonzalves de Cordoue, gouverneur des Pouilles protesta au nom du traité et des escarmouches s'en suivirent. Gonzalves s'empara les places du Capitanate, province oubliée lors du partage de 1500. Les négociations entre Nemours et Cordoue furent rompues en 1502. Dès le début des hostilités, Béraud envoya son lieutenant, Robert Stuart, à Nola pour renforcer la garnison d'Avellino, menacée par les Espagnols. Quelques semaines plus tard, il rejoignit Robert à Nola avec soixante hommes d'armes et mille deux cents fantassins. La troupe marcha sur Avellino qu'elle enlevait en juin avec l'aide de Jacques Chabannes de La Palice. Jean d'Authon célébra le courage de Béraud durant cette campagne : "au mestier de la guerre estoit un maistre sur les autres pour la découvre du pays" (Jean d'Authon, Chroniques de Louis XII, Paris, 1889-1895, ed. R. de Maulde La Clavière, t. II, p. 265). En 1502, Robert Stuart fut en garnison à Cerignola tandis que Béraud défendit le Calabre. Après sa victoire sur les Espagnols, lors de la Bataille de Terranuova (25 décembre 1502), il fut fait marquis de Girace, puis Duc de Terranuova. Au printemps 1503, la situation tourna en faveur des Espagnols. Béraud fut vaincu et fait prisonnier lors de la seconde bataille de Seminara (21 avril 1503). Le vice-roi de Naples fut tué à la bataille de Cerignola (28 avril) et l'armée française dut battre retraite vers Capoue. Gonzalves de Cordoue rentra victorieusement dans Naples le 06 mai 1503.

l_arm_e_de_louis_xii_devant_g_nes__1507_1   entr_e_triomphale_de_louis_xii___g_nes__1507_1

Libéré de Castel Nuovo, Béraud rentra en France et séjourna à Blois avec la Cour. La duchesse Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, soucieuse de préserver l'indépendance de son duché, poussa le roi à signer le traité de Blois (septembre 1504), projetant le mariage de leur fille Claude avec Charles de Habsbourg, le futur empereur Charles-Quint, et en cas du décès du souverain, sans héritier mâle, les duchés de Milan, de Gênes, de Bretagne et de Bourgogne, ainsi que les comtés d'Asti, de Blois, et autres terres, reviendront aux futurs époux. Pour éviter ce partage de la couronne, Louis XII convoqua à Tours (du 10 au 21 mai 1506) une assemblée qui supplia le roi de donner sa fille à François d'Angoulême, le futur François Ier. Louis XII accéda à cette demande et les fiançailles furent célébrées. Les grands seigneurs durent prêter serment de respecter ses volontés et Béraud Stuart fut le premier à s'exécuter le 30 septembre 1506, suivi par John Stuart[8], duc d'Albany.

En 1507, une révolte éclata à Gênes, alors placée sous la protection du roi de France depuis 1499. Le roi en personne mena son armée avec Béraud à ses côtés. Lors du siège de Gênes, La Palice fut blessé et le commandement de l'armée fut confié à Béraud pour la fin de l'attaque. Peu de jours après, Louis XII faisait son entrée dans Gênes avec Béraud à ses côtés. A Savone, Louis XII se réconcilia avec Ferdinand d'Aragon. Le roi d'Espagne tint à rencontrer les capitaines français qui se sont illustrés dans la campagne de Naples. Il reçut Bayard et Ars. Béraud, atteint de goutte, ne put se déplacer. Suprême privilège, Alphonse d'Aragon lui rendit à son logis; ils "devisèrent longuement en parlant de leurs vieilles guerres de Grenade et de plusieurs autres bon propos".

Béraud fut envoyé par Louis XII en ambassade auprès du roi Jacques VII d'Ecosse où il décéda en juin 1508 à Corstorphine. Il testa le 08 juin 1508 et demanda d'être enseveli dans un couvent d'Edimbourg.

2._armes_de_b_raud_stuart__d_apr_s_le_livre_de_gouvernement_des_princesBéraud Stuart portait comme arme "écartelé, aux premier et quatrième d'azur à trois lys d'or (de France) à la bordure de gueule, chargée de seize fermaillets d'or (Aubigny), au deuxième et troisième d'or à la bordure engrêlée de gueule, à la fasce échiquetée de trois tires d'argent et d'azur (Stuart de Darnley d'Aubigny)" ; l'écu, surmonté d'un heaume au cimier à tête de licorne ailé reposant sur un bourrelet d'or et d'azur, est entouré de l'ordre de Saint-Michel et supporté par des cerfs ailés hérités aussi de la Maison de France. La présence de la chaîne d'or, composée de coquilles, ayant en son centre une médaille de Saint-Michel, atteste que Béraud fut l'un des chevaliers commandeurs de l'ordre de Saint Michel.

[1] L'aîné de ses fils, Philippe, décéda en 1470.

[2] Fils de Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, Louis (Blois, 27.06.1462 - Paris, 01.01.1515) hérita à la mort de son père (1465) le duché d'Orléans et le rang de premier prince de sang. Louis XI le maria à sa fille Jeanne la Boiteuse (1476). A la mort de Louis XI, il convoita la Régence et perdit au détriment d'Anne et Pierre de Beaujeu. Il prit les armes contre les Régents. Vaincu (28.07.1488), il fut emprisonné au château de Lusignan puis dans la grosse tour de Bourges. En juin 1491, contre l'avis des Régents, Charles VIII le fit libérer et lui confia le gouvernement de la Normandie.

[3] Charles du Maine, duc de Lorraine et de Provence, se voyant sans enfants désigna Louis XI et à ses descendants comme ses héritiers en 1451. Il tenait le royaume de Naples et de Sicile de son oncle René d'Anjou, qui lui-même le tenait de Louis d'Anjou. A la mort du roi des Deux Siciles, Robert d'Anjou (1343), sa petite fille et seule héritière, Jeanne Ière adopta son cousin Charles Duras qu'elle déshérita peu après, pour désigner comme successeur Louis d'Anjou. Elle fut assassinée par Charles Duras qui s'empara du trône. La fille de Charles Duras, Jeanne II, qui mourut sans descendance, désigna d'abord Alphonse V d'Aragon comme son successeur, puis Louis III d'Anjou en 1423, et, après le décès de ce dernier, son frère, René (1432). A la mort de Jeanne II, l'Anjou et l'Aragon se disputèrent le trône; la première puissance l'emporta. Alphonse V céda le royaume de Naples à son fils naturel, Ferdinand Ier (1412-1416).

[4] "En Calabre, laissa monseigneur d'Aubigny, de nation d'Ecosse, bon chevalier et saige, bon et honorable" (Philippe de Commynes, Mémoires, Paris, 1840-1847, ed. Dupont, t. II, p. 428).

[5] A la mort du Dauphin Charles-Orland, en décembre 1495, Louis d'Orléans fut nommé héritier présomptif du trône.

[6] En 1447, à la mort de Filippo Maria Visconti, sans descendant mâle, les prétendants au titre ducale furent nombreux : Francesco Sforza, gendre du défunt; Charles d'Orléans, fils de Valentine Visconti et héritier de ses droits; le duc de Savoie, Louis, beau-frère de duc qui l'avait reconnu comme héritier lors du traité de paix de 1427; sans compter Alphonse V d'Aragon et l'empereur Frédéric III. Après maintes luttes armées, Francesco Sforza parvint à imposer ses droits. A sa mort, son frères Ludovic dit le More s'empara du pouvoir (1480) au détriment de son jeune neveu.

[7] Guillaume Stuart hérita la seigneurie d'Auzon de son oncle, Guillaume Stuart, seigneur de Stelemik et d'Auzon mort à Orléans lors de la "journée des harengs" (1429). Il commandait une compagnie d'ordonnance.

[8] John Stuart (ca. 1482-juin 1536), duc d'Albany fut le fils d'Alexander Stuart. Son père, Alexander Stuart (m. 1485), duc d'Albany, se réfugia en France après avoir lutté contre son frère le Roi Jacques III d'Ecosse. Il épousa en 1480 Anne de La Tour d'Auvergne dont il eut Jean Stuart. Orphelin très jeune, Jean fut élevé à la cour de France et prit part en 1501 à la croisade avortée commandée par Philippe de Clèves. Il épousa en 1505 sa cousine germaine, Anne, comtesse d'Auvergne, comtesse de Lauraguais, dame de La Tour, dame de Saint-Saturnin et de Montrodon, fille de Jean de La Tour, comte d'Auvergne et de Jeanne de Bourbon-Vendôme. Le jeune duc d'Albany entra dans les services du roi de France en participant à la campagne de Gênes (1507). Il commanda le gens de pied français en 1513, puis prit part à Marignan. François Ier l'envoya plusieurs fois en ambassade en Ecosse pour contrer l'influence anglaise, sans grand succès. De 1515 à 1524, il assura théoriquement la Régence d'Ecosse au nom de son neveu. En 1525, François Ier lui confia quelques semaines avant la bataille de Pavie les troupes destinées à marcher sur Naples pour détourner l'armée impériale. Ambassadeur de France auprès de Rome, il négocia le mariage du Dauphin Henri avec la nièce du pape Clément VII, Catherine de Médicis, qui est aussi sa nièce (son père Laurent de Médicis avait épousé Madeleine de La Tour d'Auvergne, belle-soeur de Jean Stuart. A leur mort en 1519, le duc d'Albany fut l'un des tuteurs de la jeune Catherine de Médicis). Il eut l'honneur de convoyer la jeune épousée en France. Chevalier de l'ordre, gouverneur de Bourbonnais et d'Auvergne, il mourut en 1536, comblé d'honneurs et de titres. 


[1] Jean II d'Alençon (m. 1476) est le fils de Jean Ier, comte puis duc d'Alençon. Vaincu et emprisonné par les Anglais à la bataille de Verneuil (1424), il st libéré contre rançon (1429). Il participa aux campagnes de Jeanne d'Arc. Après la prise d'Orléans, il commanda l'armée de Charles VII, assisté de Jeanne. Mais son intérêt la porte vers Paris et la Normandie - il voudrait libérer son duché - plutôt que vers la route de Reims. Il ordonne l'assaut devant Paris, où Jeanne fut blessée, puis gagne la Normandie et combat à la fois les Anglais et les Bretons.

Le traité d'Arras (1435) et la réconciliation franco-bourguignonne le jettent dans le camp des opposés à Charles VII. Jean II attendait du roi une récompense de ses actes de bravoures et un dédommagement de ses pertes dont son duché confisqué par Bedford. Il participe alors à tous les complots contre le pouvoir royal qui dédaigne les princes et notamment à la "Praguerie" de 1439-1440. La coalition des princes étant dissociée par Charles VII, Jean II d'Alençon se trouve seul et négocie avec les Anglais (avril 1440). Malgré sa participation à la reconquête de la Normandie (1449-1450), il continue de chercher une alliance anglaise. Arrêté et condamné à mort par la cour des pairs (1458), il est gracié. Sous Louis XI, il complote avec Charles le Téméraire. De nouveau condamné et gracié (1474), il finit ses jours dans les cachots de Loches.

Jean II épousa Jeanne d'Orléans, fille du duc Charles d'Orléans et d'Isabelle de France. Il eut deux enfants illégitimes : Jeanne dite la Bâtarde d'Alençon et René (1454-1492), duc d'Alençon.


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  • A Antonin Kempf pour l'aider à mieux découvrir sa nouvelle ville d'adoption. Ce carnet d'Aubigny-sur-Nère n'est pas un journal au quotidien d'un albinien mais le journal de voyage d'un "étranger" de passage qui a été séduit par le charme de cette citée.
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