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Carnet d'Aubigny-sur-Nère
8 juin 2006

Jean III Stuart, cinquième seigneur d'Aubigny (1543-1567).

Matthew Stewart, 2e comte de Lennox et baron de Darnley, frère du maréchal d'Aubigny, trouva la mort à la bataille de Flodden (septembre 1513) menée contre les Anglais. De son union avec Elizabeth Hamilton, fille du baron Jacques Ier Hamilton et de la fille du roi Jacques II d'Ecosse, Mary Stewart (m. 1488), il laissa cinq enfants dont deux garçons, John et Mungo. Mungo décéda en 1522 et John, 3e comte de Lennox. Durant la jeunesse du roi Jacques V, l'Ecosse connut une crise politique. Après le départ du Régent John Stewart, duc d'Albany (1524), la régence fut confiée à la reine Margaret Tudor. Les lords (Aram, Lennox) et l'archevêque Beaton se rallièrent à Archibald Douglas, comte d'Angus, second époux de Marguerite Tudor, pour se liguer contre la reine. Le Parlement entérina le changement. Angus devenu régent écarta ses anciens alliés. Le roi Jacques V qui détestait son beau-père, fit appel à son cousin, le comte John de Lennox. La tentative, montée par Lennox, échoua. Lennox fut assassiné par un bâtard d'Arran. A la mort de Lennox, craignant pour leur sécurité, ses enfants cherchèrent refuge en France, auprès de leur oncle, le maréchal d'Aubigny. Ce dernier les éleva comme ses fils. Matthew Stewart (1516-1571), 4e comte de Lennox, servit la France durant les guerres d'Italie. Il prit la nationalité française en 1537 et changea son nom en Stuart. Jacques V d'Ecosse décéda, en 1542, en laissant une jeune fille qui venait de naître, Marie Stuart (1542-1587), qu'il eut d'une princesse française, Marie de Guise. Deux personnages revendiquèrent la régence : le cardinal David Beaton, archevêque primat de Saint-André, qui reçut ce pouvoir de feu le roi (testament dont l'authenticité est contestée), Jacques Hamilton[1], comte d'Arran. Le cardinal Beaton rappela, de France, Matthew Stuart[2], comte de Lennox, pour l'opposer aux ambitions d'Arran. Ce jeune homme très ambitieux projeta de s'unir avec Marie de Guise, veuve du roi Jacques V, pour s'emparer du pouvoir. Cette guerre de Régence ne fut pas uniquement une rivalité entre des personnalités, mais aussi une lutte entre deux partis, anglais et français, doublée d'un conflit religieux, catholique et protestant. Elevé en France, Matthew Lennox était naturellement dans le clan des français ; dépité de ne pas pouvoir participer au gouvernement, il passa dans le camps des anglais. En 1544, il fut battu sous les murs de Glasglow et dut se réfugier en Angleterre. Il épousa Margaret Douglas[3], fille du comte d'Angus et de Margaret Tudor, et devint parent de la reine Elisabeth Ière d'Angleterre.

Robert Stuart adopta le cadet des enfants du comte John Stewart de Lennox, Jean, resté en France. Il négocia son mariage avec la demi-soeur de son épouse, Anne de la Queuille. Il testa en sa faveur et lui légua le fief d'Aubigny. Jean III Stuart d'Aubigny (m. 1567) rendit hommage au roi en 1560. Après le mariage de la reine Marie Stuart d'Ecosse et du dauphin François II, et à cause de l'engagement politique de son frère Matthew de Lennox en Ecosse, Jean III n'eut plus les faveurs de la cour de France. Il fut embastillé en 1544 jusqu'à l'accession du trône d'Henri II (1547). Gracié, le roi ordonna la mainlevée sur les biens de Jean Stuart d'Aubigny et lui accorda la jouissance du comté de Beaumont-le-Roger.

Il semblerait qu'après ses déboires, Jean III préféra se retirer à Aubigny comme en témoignent les multiples documents d'archives sur l'administration de ses terres. Il participa à la guerre franco-espagnole et fut capturé aux Pays-Bas. Après le traité de Paris (juin 1559), sa rançon fut fixée à cinq mille écus.

Sous Jean III, une communauté protestante s'installa à Aubigny, à l’instigation de Pierre Bompain. Natif de Meaux, fuyant les persécutions, il quitta sa ville pour venir s’installer à Aubigny où il exerça son métier d’ouvrier drapier. Il répandit dans la Cité les doctrines de Calvin et contribua à la conversion de plusieurs riches marchands de la ville. Fervent catholique[4], Jean III livra Pierre Bompain à la justice du roi où il fut livré au bûcher en 1544. Les persécutions entraînèrent l'exil des tisserands comme en témoignent les registres de la Ville de Genève. La politique de répression fut moins sévère ; en 1562, les protestants occupèrent Aubigny. Après le massacre de la Sainte Barthélemy (22.08.1572) que les ministres et étudiants d'Aubigny se réfugièrent à Genève.

[1] Jacques Hamilton est le plus proche héritier du trône car son père est le fils de Mary Stewart (m. 1488), fille du roi Jacques II. Cependant, la légitimité de sa naissance est sujette à caution. Son père l'a eu d'un troisième mariage, alors que la dissolution du second s'était fait dans des conditions douteuses.

[2] Matthew Stuart de Lennox descend de John Stuart, seigneur de Darnley, comte de Lennox, lointain parent du roi d'Ecosse. De par le mariage de son père avec Elizabeth Hamilton, fille de Jacques Hamilton et Mary Stewart (fille du roi Jacques II), il est second sur la liste de succession, sauf si la légitimité de la naissance de Jacques Hamilton, comte d'Arran, est contesté.

[3] Margaret Douglas est la fille, en secondes noces, d'Archibald Douglas et de Margaret Tudor, soeur d'Henri VIII d'Angleterre.  Elle est donc la cousine germaine de la reine Elisabeth Ière d'Angleterre.

[4] Le testament d'Anne Stuart d'Aubigny née de La Queuille est un témoignage de sa faveur à la religion catholique. Elle prévoyait que son corps fut inhumé dans l'église d'Aubigny, son coeur dans l'église d'Oizon, ses entrailles dans le grand cimetière d'Aubigny, sous la croix. Elle contribua à l'entretien et aux réparations des églises d'Aubigny, d'Oizon, de Saint-Sylvain des Averdines, de Croisy ; elle participa à plusieurs oeuvres charitables.


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Carnet d'Aubigny-sur-Nère
  • A Antonin Kempf pour l'aider à mieux découvrir sa nouvelle ville d'adoption. Ce carnet d'Aubigny-sur-Nère n'est pas un journal au quotidien d'un albinien mais le journal de voyage d'un "étranger" de passage qui a été séduit par le charme de cette citée.
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