Henri Gascars (1634-1701)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth

Huile sur toile, 127 x 101,50 cm

Collection particulière, Angleterre.

Un portrait de Louise de Keroualle, duchesse of Portland, peint par Henri Gascars sera mis en vente à Londres par Sotheby’s le 29 avril 2010 (lot n°129, huile sur toile, 127 x 101,50 cm, estimation : 6000-8000 £). Ce tableau a été acquis par l’actuel propriétaire à la vente Sotheby’s Londres le 15 juillet 1998 (lot n°19, prix : 9000 £).

Une erreur s’est glissée dans le catalogue. Il conviendrait de lire duchesse de Portsmouth et non de Portland.

La jeune Louise Renée de Penancoët de Kérouaille (souvent orthographié Kéroualle ou Kéroual en Angleterre), fille du seigneur Guillaume Penancoët de Kérouaille et de Marie de Ploeuc, fut remarquée, dès sa jeunesse, par le duc de Beaufort qui, pour lui plaire, lui promit le poste de demoiselle d’honneur de la duchesse d’Orléans, Madame Henriette-Anne Stuart (1644-1670), sœur du roi Charles II d’Angleterre, épouse de Philippe d’Orléans, belle-sœur de Louis XIV.

En 1668, Louise de Kérouaille arriva à château de Versailles pour servir la duchesse d’Orléans. Sa beauté et son charme attira l’attention du roi. Mais au lieu d’en faire sa maîtresse, Louis XIV décida de l’utiliser comme son « agent diplomatique » auprès du roi d’Angleterre et d’Ecosse, Charles II Stuart (1630-1685), qui avait un faible pour le sexe faible. Louis XIV comptait sur les charmes de la bretonne pour le gagner à la cause française.

C’est ainsi qu’elle accompagna Madame lors de son voyage en Angleterre (1670). Durant ce séjour la duchesse d’Orléans encouragea le rapprochement entre les deux royaumes et contribua fortement à la signature du Traité de Douvres (1670) : Charles II se convertit au catholicisme et fournit des troupes à la France, en contrepartie Louis XIV lui verse une rente annuelle de 200 000 livres.

En remerciant des cadeaux reçus, la duchesse d’Orléans offrit un bijou à son frère que Louise de Kérouaille devait lui remettre en personne. En posant sa main sur celle de Louise, Charles II aurait déclaré : « voilà le seul bijou que je désire ! ».

De retour à Versailles, elle émit le désir de se retirer dans un couvent mais le roi la convainquit de repartir à Londres pour achever sa mission : séduire le roi et influencer sa politique en faveur de la France.

En octobre 1671, peu après son retour, après une soirée chez lady d’Arlington, Louise devint la maîtresse de Charles II. Elle exerça sur ce dernier une grande influence « politique » qui dura jusqu’au décès du souverain (06.02.1685). Elle fut officiellement nommée dame d’honneur de la reine. En 1672, elle donna naissance à un garçon, Charles Lennox, duc de Richmond (1675) et reçut le titre de duchesse de Portsmouth, comtesse de Fareham, baronne de Patersfield, avec une pension annuelle de 138 000 livres. Si elle ne régna pas seule dans le cœur du roi, cœur qu’elle devait partager avec d’autres favorites comme Nell Gwyne sa principale rivale, Mary Davies (1672), Marie Mancini (1675), Jane Middletown (1678), elle joua une rôle influent dans la politique de Charles II et cela lui attira la haine du peuple. En 1684, sur la demande de Charles II, Louis XIV éleva Louise de Kérouaille au rang de duchesse d’Aubigny et pair de France. Les terres d’Aubigny appartenaient au Stuart depuis 1413. Lors de son séjour en France, elle fut reçue comme une reine et revendiqua même un tabouret.

A la mort de Charles II, Louise de Kérouaille retourna en France (1688) à l’exception d’un court séjour sous le règne de Jacques II. Louis XIV lui versa une pension annuelle de 8 000 livres. Dépensière, elle fut couverte de dettes mais grâce à la protection, elle fut épargnée par les poursuites. A partir de 1715, elle se retira sur ses terres d’Aubigny, au château de la Verrerie. Elle décéda à Paris le 14 novembre 1734.

Nicholas (Nathaniel) DICKSON (c. 1660-1708)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth

Miniature, aquarelle sur vélin, 7 x 6,7 cm

Collection particulière.

Durant les treize années au « pouvoir », Louise de Penancoët de Kérouaille, duchesse de Portsmouth, commanda ses portraits aux plus célèbres peintres anglais de l’époque comme les portraitistes attitrés des rois Charles II et James I^er : sir Peter Lely (1618-1680) et sir Godfrey Kneller (1646-1723) mais aussi Mary Beale, Nicholas Dixon (c.1660-c.1708), etc.

Sir Peter LELY (1618-1680)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth

Huile sur toile, 127 x102 cm

Carnegie Museum of Arts, Pittsburg

Sir Peter Lely réalisa au moins cinq portraits de Louise de Kérouaille. Celui dans l’ancienne collection de Sir Charles Cheers Wakefield date probablement de son premier séjour londonien comme en témoigne son style très van dyckien. Les quatre autres portraits révèlent une évolution du style de Lely perceptible par la subtilité des colories, l’interprétation des vêtements et surtout pour la langueur voluptueuse qui se dégage de ses modèles, répondant ainsi parfaitement à la demande d’une société « libertine » de Charles II. Le portrait le plus connu de la duchesse de Portsmouth par Lely est incontestablement celui du Paul Getty Center (Los Angeles) mais j’ai une préférence pour celui du Carnegie Museum of Art (Pittsburgh) où la duchesse est représentée dans une composition et des coloris très van dyckienne (position assise du modèle de trois quart, le rideau flottant, l’ouverture et la fenêtre en pierre dans l’angle gauche révélant un paysage, sans oublier l’usage du fameux « brun van Dyck) dans une robe rouge et tenant une fleur d’oranger qui symbolise la pureté ou encore celui où elle représentée en l’innocente bergère d’Arcadie.

A cette époque, le portrait n’avait pas seulement fonction de reproduire et de perpétuer l’image du commanditaire. Son but est avant tout d’affirmer l’autorité et du prestige sociale du modèle. Ainsi, une telle représentation est le résultant d’âpres négociations entre l’artiste et la duchesse où les moindres détails (sa pose, sa physionomie, ses vêtements, ses attributs, etc.) furent débattus, sans que rien ne fut laissé au hasard.

Il existe, en Angleterre au XVII^e siècle, trois types de portraits : le portrait d’apparat, le portrait allégorique, le portrait miniature.

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Sir Godfrey KNELLE (1643-1726)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth

Huile sur toile, dimension inconnue,

Goodwood House, West Sussex.

Les deux portraits en pied de Louise de Kérouaille par Sir Godfrey Kneller (1646-1723), conservés au château de Goodwood House, résidence des ducs de Richmond, sont caractéristiques des portraits d’apparat du XVII^e siècle. A la mort de Peter Lely, Sir Godfrey Kneller le remplaça comme portraitiste de la Cour de White Hall. Il existe un troisième à Sherborne castle.

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Mary BEALE (1633-1699)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth

Huile sur toile, dimension inconnue

Localisation inconnue.

En dehors de ces portraitistes officiels, Louise commanda également à des peintres anglais comme à Mary Beale (1633-1699), la première femme peintre professionnelle ou au miniaturiste Nicholas (Nathaniel) Dixon (c.1660-c.1708).

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Henri GASCARS (1634-1701)

Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth (en Vénus)

Huile sur toile, dimension inconnue,

Localisation inconnue.

Après le refus par l’Académie Royale de son portrait de Louis de Bourbon, le Grand Dauphin (1672), Henri Gascars ou Gascard (Paris, 1634 – Rome, 1701) embarqua pour Londres, dans la suite de la duchesse Louise. A cette époque, le goût français, flamboyant, baroque et frivole, était en vogue à la Cour de White Hall. Gascars, protégé par la duchesse, devint le portraitiste favori de la Cour. Bien que techniquement inférieur à sir Peter Lely, les portraits de Gascars charmèrent la haute société par sa fraîcheur, par l’attachement qu’avait l’artiste à reproduire le visage, les parures (vêtements, bijoux) et le décor.

En l’espace de quelques années (le peintre quitta l’Angleterre en 1677 peu après que Louis XIV cessa de verser la prime à Charles II), il a peint le portrait de la famille royale et des maîtresses du roi (Barbara Villiers, duchesse de Cleveland, de Nell Gwynne, etc.) et des membres de l’aristocratie.

Il a réalisé une vingtaine de portraits de sa protectrice : portraits d’apparat, portraits allégorique (en Vénus déesse de l’amour ou en Fortuna) ou portraits de groupe (avec son jeune fils, Charles Lennox duc de Richmond).

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Henri GASCARS (1634-1701)

Louise de Keroualle, duchesse de Porstmouth, et son fils Charles

Huile sur toile, dimension inconnue

Deene Park, Corby, Northamptonshire.

LOUISE DE KEROUAILLE ET SES PORTRAITS ANGLAIS.

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