L'ordre de Saint-Michel.

Louis XI, en fin politique, créa, à Amboise le 01^er août 1469, l'Ordre chevaleresque de Saint-Michel à l'instar de l'Ordre de l'Etoile[1], oublié depuis la défaite de Jean le Bon à Poitiers, et à l'imitation de la Jarretière et de la Toison d'or qui concouraient à la splendeur des cours d'Angleterre et de Bourgogne. Louis XI voulait disposer d'un ordre dont il serait l'unique maître et dispensateur, honorant ainsi selon son bon vouloir ses sujets méritants, s'assurant ainsi de la fidélité et de la loyauté de ses grands barons.

Le choix de l'archange Saint-Michel comme patron tient tant aux caractères symboliques (comme chef de la Milice céleste) que politiques. Le Mont Saint-Michel, siège de l'Ordre durant la première période, s'est illustré dans la guerre de résistance contre les Anglais (notamment lors du siège de 1424-1425). Rapidement, le siège de l'Ordre fut transféré aux Cordeliers de Paris. La référence au Mont ne subsiste que dans la devise "Immensi Tremar Oceani".

Sous Louis XI, l'Ordre comprenait trente-six gentilshommes de noms et d'armes. La tenue rituelle des chevaliers était composée d'un manteau de soie damassée blanche brodée d'une bordure de coquilles en fils d'or, doublée d'hermine, et d'un scapulaire de velours cramoisi avec capuchon. Quant à l'insigne lui-même, il se présentait sous la forme d'un collier en or formé d'un collier de petites coquilles Saint-Jacques, supportant un pendentif représentant l'archange combattant le dragon, faisant clairement allusion à la victoire sur les Anglais. Grâce à l'unique miniature des Statuts de l'Ordre de Saint-Michel (Tours, 1469-1470, Bibliothèque Nationale, Manuscrit français, 19819), peint par Jean Fouquet de Tours, qui représente un chapitre de l'ordre présidé par le roi Louis XI, nous possédons un témoignage de l'habit des chevaliers commandeurs de l'ordre.

La discipline de l'Ordre comportait l'obligation d'assister à un office quotidien de Saint-Michel, et à des chapitres où l'on accusait publiquement de tous les manquements à la règle apparus chez les chevaliers. Le roi lui-même devait se soumettre une fois par an à la critique de ses pairs, tant sur son comportement d'homme que de souverain. Cet usage fut rapidement abandonné.

Sous Charles IX, le nombre de chevaliers fut modifié et l'Ordre fut conféré à de nombreux courtisans qui n'avaient jamais combattu. Les nobles d'épée n'hésitaient pas de le surnommer "collier à toutes bêtes".

Henri III remplaça pour les nobles d'épée, chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel, par l'ordre du Saint-Esprit (1578). L'Ordre de Saint-Michel ne fut plus attribué qu'aux artistes et écrivains. Louis XIV annula une partie des nominations faites par ses prédécesseurs et tenta de le reconstituer sur de nouvelles bases (14 juillet 1661). L'Ordre fut suspendu à la Révolution et rétabli par le roi Louis XVIII (16 novembre 1816), qui le destina à récompenser les Français se distinguant dans les Sciences, les Arts et les Lettres. Il a cessé d'être conféré en 1830.

[1] L'ordre de l'Etoile a été crée en 1351 par le roi Jean II le Bon pour constituer une élite politique et militaire liée à sa personne. Les chevaliers de l'Etoile devaient prêter le serment de ne jamais reculer dans la bataille, ce qui entraîna des conséquences désastreuses durant la bataille de Poitiers (1356).

L'ordre de Saint-Michel.

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