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Carnet d'Aubigny-sur-Nère
6 juin 2006

Robert Stuart, quatrième seigneur d'Aubigny (1508-1543).

portrait_de_robert_stuartAlan Stuart de Darnley, le frère aîné de Jean II Stuart d'Aubigny, eut deux garçons dont l'aîné, John Stewart (m. 1495), lord de Darnley, comte de Lennox[1] (1473), baron de Tolborton. John épousa en 1438 Margaret Montgomery dont il eut plusieurs enfants. Parmi eux, trois vinrent tenter leurs chances en France : Robert, Guillaume et Alexandre. Guillaume, lord de Grey, deviendra capitaine des Cent Lances, seigneur de Concressault par son mariage avec Anne de Menypeny, dame de Concressault, seigneur d'Oizon. Il mourra en 1512, sans descendance. Alexandre, archer de la garde d'Ecosse, décédera en 1503.

Robert Stuart (1470-1544) entra au service de son oncle, Béraud comme lieutenant de sa compagnie d'ordonnance. Il fit ses débuts dans les armes lors de la campagne milanaise de 1499. Comme Béraud, malade, ne put participer à la guerre, Robert servit comme lieutenant de la compagnie de son autre oncle, Guillaume Stuart, seigneur d'Auzon. Il révéla sa bravoure en s'emparant avec quelques hommes d'armes les deux villes, Grevellona et Abbiategrasso. Après la conquête du duché de Milan, Louis XII confia au comte de Ligny son gouvernement. Robert Stuart se vit confier la garde de la Rocquette. Lors de la contre-offensive de Ludovic le More, le comte de Ligny tenait garnison à Cômes avec une soixantaine d'hommes d'arme et, selon Jean d'Authon, "la compagnie des Ecossoys que ung nommé Robert Stuart, lieutenant du seigneur d'Auzon, conduysoit" (Jean d'Authon, Chroniques de Louis XII, Paris, 1889-1895, ed. R. de Maulde La Clavière, t. I, p. 153). Lorsque les Milanais se révoltèrent à leur tour, les armées françaises se regroupèrent. Alègre s'enferma dans Novare en compagnie de Robert Stuart et subit les assauts de Ludovic le More. Le 21 mars, la place dut capituler avec les honneurs de la guerre, obtenant de sortir en armes. L'arrivée des renforts permit aux Français une victorieuse contre-offensive couronnée par la prise de Ludovic le More et l'occupation de l'ensemble du duché. Le 17 avril, Guillaume et Robert Stuart figurèrent parmi les capitaines qui assistèrent à l'amende honorable des Milanais. Quelques jours plus tard, sur la demande de Florence, Guillaume Stuart fut envoyé vers Pise.

En 1506, sur la demande du pape Jules II, le roi Louis XII envoya une armée, sous le commandement de Charles d'Amboise, pour ramener Bologne sous l'obéissance du pape. Robert Stuart, alors capitaine de la compagnie écossaise des gens d'armes et de l'ordonnance, était du voyage.

En 1507, une révolte éclata à Gênes, alors placée sous la protection du roi de France depuis 1499. Le roi en personne mena son armée avec Béraud à ses côtés. Robert y participa également comme capitaine des Cent Lances Ecossais. Lors du siège de Gênes, Robert se fit remarquer, en prenant avec le chevalier Bayard le bastion de la montagne de Gênes. Selon Authon, "messire Robert Stuart ne désempara jamais le pié du bastyon où, là, donna et receupt maint pesant coup" (Jean d'Authon, Chroniques de Louis XII, Paris, 1889-1895, ed. R. de Maulde La Clavière, t. IV, p. 314).

2._armes_de_robert_stuartBéraud Stuart décéda en 1508 et laissa à sa mort deux filles. Guyonne, née du premier mariage avec Guillemette de Boucard, fut mariée à Philippe Braque, seigneur de Luat. Anne, issue du second lit, épousa vers 1504 son cousin Robert Stuart. Le roi d'Ecosse, James IV, écrivit au roi de France une lettre pour lui recommander les deux frères Stuart pour succéder à Béraud tant dans les titres que dans les charges. Louis XII nomma Robert comte de Beaumont-le-Roger et seigneur d'Aubigny. Il rendit hommage au roi la même année pour ses fiefs. Il hérita également des charges de son beau-père de chambellan ordinaire. Homme de cour, il fut un conseiller apprécié.Avec l'archevêque de Bourges, Andreas Foreman, d'origine écossaise, Robert Stuart intervenait auprès du roi Louis XII afin que les Ecossais venus se mettre aux services de la France otiennent une lettre de naturalité, leur accordant le droit de rester au pays, de succéder ab intestat et de tenir des bénéfices comme s'ils étaient Français. Le roi concéda à cette requête et accorda aux Ecossais résidents en France des lettres de natualité générales datées de septembre 1513 (Archives Nationales, J.678, n°33).  En récompense de ses valeureux actes militaires, il fut fait chevalier commandeur de l'ordre de Saint-Michel. Bayard, son compagnon d'arme, le qualifia de "très gentil et vertueux capitaine" et Brantôme de "grand chevalier sans reproche". 

En 1509, Louis XII se laissa entraîner par le pape Jules II dans la ligue de Cambrai (1508-1509) contre Venise. Cette campagne fut soldée par des victoires et des défaites. Grâce à la bravoure et à l'intelligence de son neveu, le jeune Gaston de Foix, duc de Nemours (1489-1512), Louis XII put résister victorieusement à la "Ligue Sainte", formée en octobre 1511 par le pape Jules II, Venise, l'Espagne, les cantons Suisses, et l'Angleterre. En février 1511, Gaston de Foix fut nommé gouverneur du Milanais et commandant en chef de l'armée d'Italie. Il étonna ses adversaires par la rapidité de ses mouvements. En décembre 1511, il empêcha les Suisses de rentrer dans Milan, délivra Bologne des Espagnols le 05 février, bat le 16 du même mois les Vénitiens devant Valeggio, puis le 19 leur reprit Brescia. Il marcha ensuite sur Ravenne et engagea un combat qui solda par une victoire. Malheureusement, il y trouva la mort. Robert Stuart, commandant de la Garde Ecossaise (1512), participa également à cette bataille. Malgré cette victoire, l'armée française dut se replier vers la Lombardie, tout en laissant des garnisons pour tenir les principales places en attendant la revanche. Robert s'enferma dans Brescia avec trois cent hommes. Assiégé par les Vénitiens où il ne fit reddition qu'en novembre 1512. Il obtint de se retirer avec les honneurs de la guerre et paya sur ses propres deniers le rapatriement de ses hommes[2]. En France, Henri VIII d'Angleterre envoya une armée pour conquérir la Guyenne et aider Ferdinand d'Aragon à conquérir le royaume de Navarre (1512), sans y parvenir. Le roi de France réactiva l'Auld Alliance par le traité de du 10 juillet 1512, entraînant l'Ecosse dans la guerre. Au printemps 1513, une nouvelle expédition française fut organisée pour reconquérir le Milanais où participaient Robert Stuart et ses hommes. Cette campagne fut désastreuse. Après la défaite de Novare contre les Suisses (juin 1513), Robert rentra en France avec l’armée commandée par La Trémoille. En août 1513, Henri VIII débarqua à Calais et rejoignit l'armée de Maximilien de Habsbourg. Cette campagne se solda par la défaite de l'armée française à Guinegatte (16 août 1513) et la chute de Thérouanne et de Tournai (1513-1519). En Ecosse, l'armée écossaise subit une terrible désastre à la bataille de Flodden (08 septembre 1513) où Jacques IV trouva la mort ainsi que le frère de Robert, Matthew Stewart, comte de Lennox. Le roi d'Ecosse laissa un jeune fils et la Régence fut théoriquement confiée à John Stuart, duc d'Albany. Henri VIII tenta de s'affirmer comme protecteur du royaume au nom de sa soeur, la reine Marguerite Tudor, épouse de Jacques IV. Très favorable à la France, le régent signa le traité de Rouen (26 août 1517) qui marqua le renouvellement de l'Auld Alliance.

Forcé de traiter à la France, après l'abandon de ses alliés, Henri VIII conclut avec Louis XII le traité de Saint-Germain (07 août 1514) où l'Angleterre conserva ses gains territoriaux et l'union du roi avec la princesse Marie Tudor, jeune soeur d'Henri VIII. Le roi Louis XII décéda le 01er janvier 1515, sans enfant mâle. Comme il avait testé, le trône revint à François d'Angoulême, son gendre, devenu François 1er.

Robert Stuart fut fait maréchal de France le 01er mai 1514 par Louis XII. Cette dignité, qui égalait son titulaire aux ducs et pairs, ne fut attribuée qu'à un seul personnage, Jean Jacques Trivulzio. François Ier le confirma en 1515 et créa deux autres maréchaux, Odet de Foix et Jacques Chabanne de La Palice qui, en échange, céda l'office de Grand Maître qu'il tenait de Louis XII à Gouffier de Boisi. Grâce à une concession de pension accordée à Robert Stuart (Bibliothèque Nationale, collection Clairambault) datée du 25 août 1515, nous savons que le Maréchal d'Aubigny portait comme armes : "écartelé, aux 1 et 4 d'azur à trois lys d'or (France), aux 2 et 3 d'or à la fasce échiquetée d'azur et d'argent de trois tires, au bâton de gueules brochant (Stuart de Darnley)".

Commandant de l’armée d’Italie, le Maréchal d'Aubigny défit Prosper Colonna près de Villefranche en Piémont. Le chef des armées ennemies n'accepta de se rendre qu'à Robert Stuart "pour sauver sa vie, bailla sa foy" selon du Bellay. Il prit part aux batailles de Marignan le 13 et 15 septembre 1515 et à la prise de Milan. Il fut chargé de réduire, avec succès, la résistance du Castello Sforzesco de Milan. A ce titre, il fut à l'honneur lors de l'entrée solennelle du roi dans Milan.

Comme son beau-père, Robert Stuart fut envoyé en ambassade en Ecosse (1420-1421) pour défendre les intérêts de la France auprès du jeune roi Jacques V.

De retour en France, il prit part aux guerres d'Italie contre Charles-Quint. Aux côtés de François Ier, il fut blessé et prisonnier à la bataille de Pavie le 24 février 1525. La régente Louise de Savoie aida à payer sa rançon en faisant don de 1 500 écus.

03._armes_de_robert_stuart1Libéré, il ne sembla plus momentanément prendre part aux batailles. Il épousa en seconde noce (avant 1527), Jacqueline de la Queuille (m. 1543), fille de François de la Queuille, seigneur de la Queuille et de Marguerite de Castelnau.

Grâce à un document datée du 10 octobre 1528 (Bibliothèque Nationale, collection Clairambault) sur lequel est appendu le sceau de Robert Stuart, on aperçoit que la Maréchal d'Aubigny avait modifié ses armes : "écartelé, aux 1 et 4 d'azur à trois lys d'or (France) à la bordure de gueule chargée de huit fermaux d'or, aux 2 et 3 d'or à la fasce échiquetée d'azur et d'argent de trois tires, au bâton de gueules brochant (Stuart de Darnley) à la bordure de gueule chargée de huit fermaux d'or. Sur le tout, d'agent au sautoir engrêlé de gueules, cantonné de quatre quinte feuilles de même (Lennox)", timbré d'un heaume cimé d'un lion issant armé d'une épée, supporté par deux licornes, sur un champs festonné. De telles armoiries figurent également sudans l'église paroissiale de Saint-Martin (Aubigny-sur-Nère). 

Il assista en 1536 le lieutenant général de Montmorency dans l'armée chargée d'occuper la Savoie et le Piémont. Il rentra en France avec Chabot de Brion pour défendre la Provence contre l'invasion de Charles-Quint. Il participa  au camp d'Avignon, puis à Salon-en-Provence, avant de rejoindre de nouveau le Piémont en 1537. Durant cette campagne, son armée indisciplinée se livra à des actes répressifs. Le roi le reprocha dans une lettre : "Mon cousin, il y a longtemps que journellement je n'ay que plaintes de tous coustez des maulx, pilleries foulles et oppressions que font à mon pauvre peuple les hommes d'armes et archers dont vous avez eu par cy devant la charge et laquelle vous avez bataillée par mon consentement à votre nepveu le comte de Lennox".

Le roi ne lui tint pas griefs mais, cependant, Robert Stuart ne reprit pas de service en 1542. Il mourut en 1544 sans laisser de descendance.

[1] Le roi d'Ecosse, James III, le nomma comte de Lennox, titre éteint avec Duncan, 8e comte de Lennox et beau-père de Jean I Stuart d'Aubigny.

[2] En 1517, le Trésor royal lui devait encore la somme de 700 livres.


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Carnet d'Aubigny-sur-Nère
  • A Antonin Kempf pour l'aider à mieux découvrir sa nouvelle ville d'adoption. Ce carnet d'Aubigny-sur-Nère n'est pas un journal au quotidien d'un albinien mais le journal de voyage d'un "étranger" de passage qui a été séduit par le charme de cette citée.
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